Je n'ai pas de tête. Je suis omnipolaire. Je marche dans les rues en chantant mal et en faisant des punch de drum avec mes mains et en buvant du vin dans un sac en papier brun. Je bois aussi des cafés-filtre au Dégueulton, des fois j'y travaille et tout le temps j'y écoute aux tables. Je sors danser dans les bars country. Je suis pas super en Charleston. Je cherche une liberté douce. Je fragmente les histoires des gens que je rencontre au cours de mes soirées qui n'ont ni tête ni rien non plus.

lundi 2 janvier 2012

Changement de vie.

Je n'ai pas de tête a maintenant un peu plus de tête et s'est redirigé ici:
noussommeslespopulaires.com
Un blogue collectif avec Stéphanie Perron et Samuel Cyr qui traite de toutte.
xx

mardi 20 décembre 2011

Une petite tasse en porcelaine anglaise blanche.

J'ai reçu le plus beau cadeau de Noël au monde c'est une petite tasse en porcelaine anglaise blanche avec des roses peintes dessus, qui ressemble un peu à ça


mais en beaucoup plus belle et plus épurée, la porcelaine est mince et douce et avec la soucoupe qui va en-dessous quand tu déposes la tasse ça fait un bruit vraiment délicieux. Mon amie m'a expliqué qu'elle me donnait ça parce qu'elle m'imaginait toujours avec une tasse de café ou de thé dans les mains et c'est vrai, et elle m'a dit que comme ça, parce que la tasse est mince et toute délicate, j'aurais un contact vraiment particulier avec mon café ou mon thé à chaque jour, et que ce serait mon moment précieux juste à moi toute seule.

Je l'ai essayée ce matin et je le jure que ça fait une différence.

samedi 17 décembre 2011

Un collage de notre face sur fond des vieux jours.

On est retournées là où on a étudié, à notre Cégep, loin dans une ville d'ouvriers avec un ghetto de musiciens hippies qui étaient "nous" à ce moment-là mais qui est devenu "eux" maintenant, ceux-là qu'on connaît pas, ceux-là qui vivent dans notre odeur qui reste avec nos murs qu'on a peinturés soleil-pomme-cerise, ceux-là qui marchent sur nos tapis où on a fait l'amour, nos tapis avec des bouts brûlés par les cigarettes, les tapis qui ont bu la bière et les grosses larmes de nos 18 ans. On a voulu voir par les fenêtres mais les rideaux étaient fermés, et on était même plus sûres de c'était où exactement de toute façon, alors on est allées les voir jouer, ceux-là, jouer les instruments qu'ils connaissent un peu, qu'ils vont mieux connaître plus tard, on les regardait, on se voyait nous, on voulait faire nos fraîches leur dire ah si tu savais comme c'est comme-ci comme-ça, on voulait les prendre et leur dire les secrets qu'on apprend après l'école, mais c'est pas le temps, c'est trop vite, et ils étaient beaux, juste comme ça.


Surtout on est retournées là, là où on se saoulait, où on dansait, là où on tombait à terre pétés raide et fous de désir et de nos gros coeurs pleins de tendresse de nouveaux-nés du grand monde, le St-Georges, qui est et qui restera. Tout était clair, tout était moins flou dans les chandelles et en dehors des fenêtres embuées, le cimetière que j'avais oublié. On s'est assises, on a bu, comme avant, j'ai pris plein de photos, c'était comme un collage de nos faces sur fond des vieux jours. Pis tout s'est mis à tourner, les visages connus les inconnus, Gary était encore en amour avec Sarah, il disait Sarah I love you I love everything you do, il lui pognait les fesses et on le chicanait, et Sissi et Kroukrou sonnaient encore les cloches des tournées générales.

Ça doit être fou pour eux, la vie de voir tout le monde passer sans fin.

À trois heures on est rentrées chez nous, le nouveau chez nous, on a vu une étoile filante, c'est pas la saison, après j'ai dormi dans l'auto. En passant le pont je me suis réveillée et là on a dit en même temps: home sweet home. On a fait un voeu. C'est ça.

mardi 29 novembre 2011

Lola coupe bol qui est partout.

La première fois que je l’ai vue c’était dans un souper, je m’en rappelle très bien j’étais avec mon pas-chum et tout le monde s’était arrêté de parler quand elle était entrée. Elle avait un visage de poupée avec de grands yeux et une peau pâle, un corps mais un corps je me suis dit elle est danseuse c’est clair et oui elle l’est, danseuse. Ce qui était le plus fou c’est qu’elle avait une coupe bol, c’était pas à la mode c’était en 2008 probablement, et elle l’a toujours encore aujourd’hui c’est fou, une si belle fille avec une coupe bol et tout le monde pourrait rire mais personne ne rit. Elle disait rien elle dansait un peu, elle danse comme une chandelle sans cesse, elle sort les fesses et elle fait des étirements de danseuse et personne ne parle pendant ce temps-là tout le monde regarde. J’ai demandé à mon pas-chum c’est qui et il a dit c’est Lola et j’ai pensé qu’en plus elle avait un nom comme Lolita la pas fine dans Kubrick, c’était parfait comme pas permis, comme un alignement de faits extraordinaires. Après il m’a raconté qu’elle avait brisé le coeur de Joseph qu'elle l'avait niaisé raide et que Joseph avait mis deux ans à s’en remettre et je l’ai cru, même que non moi je suis certaine qu’il s’en est même pas encore remis pour de vrai moi en tout cas je m’en remettrais pas.

Je sais pas mais je l’ai jamais oubliée Lola Lola Lola je comprenais pas tant pourquoi sur le coup mais à force maintenant je comprends. Je l’ai revue elle était avec un-tel à la pâtisserie, elle mangeait des choux à la crème elle s’empiffrait de petites douceurs, elle en avait partout sur le visage elle se léchait les doigts et tout le monde aurait pu rire mais non personne ne riait encore, et un-tel avait les mains dans ses poches il jouait à la statue avec une face de choux. Plus tard je l’ai revue toujours elle était avec un-autre-tel dans un bar encore à jouer la chandelle et elle buvait du scotch à grosses gorgées elle tapait son verre sur la table et elle riait vraiment fort et un-autre-tel buvait rien il faisait juste regarder. Après c’était dans le métro, elle était seule sur le quai, je veux dire elle était là et tout le monde était incliné vers elle comme si elle avait eu de la lumière autour, moi j’étais de l’autre bord du quai et je voyais qu'elle savait qu'elle s'en foutait je commençais à être tannée mais pas autant que quand je l’ai vue dans un vidéoclip à la télé parce qu’elle avait le rôle titre de la reine de toutes les reines, mais quand même pas autant que la dernière fois quand je l’ai vue au restaurant à boire du thé avec un autre gars qui arrêtait pas de parler pour l’impressionner mais qu’elle elle répondait jamais rien, qu'elle souriait mais que dès qu'il regardait ailleurs elle faisait tourner ses yeux de princesse.

J’ai compris mais je suis pas sûre mais je pense que dans le fond elle tout le monde l’aime mais qu’elle aime personne pis que c’est un qui voyage vers l’autre et l’autre qui voyage vers l’un, je suis peut-être juste jalouse mais peut-être pas aussi.

mercredi 23 novembre 2011

On va tu faire du ski de fond.

Quand j'ai ouvert mes yeux je me suis dit c'est Noël c'est sûr, je comprenais pas pourquoi je pensais ça mais je le pensais il était 7 heures ça sentait l'hiver j'ai couru en bobettes jusqu'à la cuisine et j'ai vu, la neige. J'ai compris pourquoi la veille j'avais bu 5 cafés au travail et que Gab et moi on avait pas arrêté de chialer de pleurer de trouver tout le monde laid de sauter partout pis d'avoir hâte de rentrer à la maison pour frencher d'amour.

Je sais pas comment ça mais c'est ce matin de neige que j'ai voulu relire l'Amant de Duras, la copie que j'avais achetée pour donner à un gars qui voulait pas de cadeau, j'avais même écrit un mot à la première page ça disait quelque chose comme j'espère que ce livre te réveillera le goût d'aimer librement du coeur et de la peau autant qu'il l'a fait pour moi et aussi je t'aime avec des petites larmes dans mes yeux. Je sais c'est trop poche maladroit c'est pour ça que je lui ai jamais donné, et aussi parce que ce gars-là méritait pas de lire un beau livre de même, je l'ai gardé et je l'ai relu et je l'ai même utilisé dans un spectacle où y fallait que je fasse à semblant de lire dans un autobus, mais un coup rendue là j'ai freaké j'étais sûre que tout le monde dans la salle pouvait voir mon message à la con à travers la page couverture, j'ai vraiment freaké rare j'ai grafigné le livre blanc pendant tout le numéro, blanc, j'avais des ongles rouges y a des marques rouges qui sont restées, comme des marques de griffes de chat. Ce matin alors je l'ai cherché pour le relire et je l'ai jamais retrouvé, j'ai regardé deux fois ma bibliothèque en ordre livre par livre j'ai fouillé partout j'étais en tabarnouche, sincèrement c'était probablement un signe parce que ma photo préférée était tombée du miroir presqu'en même temps ça a pas vraiment rapport mais dans ma tête oui.

Je suis au café d'à côté, j'ai fait de l'écriture automatique dans ma tête tout le long en m'en venant mais j'ai tout oublié. Une fois arrivée dans la file pour commander j'avais une envie débile de danser mais je me suis retenue et là y a un bébé qui arrête pas de me regarder, sa mère a l'air jalouse rare.

C'est donc ben fatiguant les tempêtes de neige.

dimanche 6 novembre 2011

I remember you well.


Je me souviens d’elle avec des lunettes soleil oui c’est ça, toujours les lunettes toujours même la nuit même à la pluie elle disait que c’était parce qu’elle avait pas de linge mais que ses lunettes l’habillaient. Que n’importe qui avec ces lunettes-là aurait l’air fameux sur le Hollywood Boulevard et qu’on savait jamais quand est-ce qu’on aurait à faire avec ça. Je demandais c’est où le oliwoud boulevarde Titi et elle répondait que c’était à 4584 kilomètres par la quatre-vingt ouest mais que ça me dirait rien. Ça me disait rien non. Ça me disait rien mais je dessinais souvent Titi et moi dans la Ford et au-dessus de la feuille j’écrivais oliwoud boulevarde, jusqu’à temps que Titi me montre comment ça s’écrivait en vrai parce que j’étais niaiseuse. Sinon moi j’allais pas à l’école parce que c’était juste pour les sans dessin et j’avais de la peine un peu pour ceux qui pouvaient pas dessiner parce que vraiment j’aurais braillé fort si j’avais pas pu, ça et écouter Sgt Pepper’s lonely hearts club band que Titi disait que c’était de la musique trop droguée pour moi mais que pour aujourd’hui c’était ok et finalement c’était ok tout le temps, sauf quand je faisais pas mes leçons comme du monde. Des fois elle chantait aussi Titi, en faisait la vaisselle ou en faisant bouillir des patates, mais elle chantait mal je riais et je pissais dans mes bobettes.

-    -   C’est qui qui rit de Titi là?
-    -   C’est pas moi Titi!

On était juste nous deux, j’étais niaiseuse toujours. Quand je mentais ma punition c’était de couper les têtes de truites les matins où on allait à la pêche. Titi voulait que j’opère pendant qu’elles gigotaient encore, pour pas qu’elles étouffent longtemps, ça glissait rare et si le cœur sortait par malchance par le trou, il battait tout seul comme si c’était pas normal et ça me faisait très mal au ventre. Après ça je pissais plus dans mes bobettes et je mentais plus sauf une fois ou deux. Titi répétait tout le temps qu’il fallait que je sois une femme forte pour quand je serais seule au monde, genre couper les poissons sans chialer ou mettre le bois dans le poêle, et de jamais laisser un homme faire à ma place mais j’en connaissais pas vraiment alors c’était sûrement ok. Je pense pas que Titi était belle ni moi, en tout cas des fois je trouvais mais souvent non ça dépendait des jours, et c’est peut-être pour ça qu’on avait pas d’homme au foyer comme en avaient mes voisines qui elles étaient très sublimes. C’était la seule différence entre elles et moi je crois, ça et aussi que nous on se baignait toutes nues dans le lac et elles en costumes. Le monde nous gueulait après pour ça et Titi se défendait que c'était nécessaire de surtout jamais avoir honte de ses cadeaux, que c’était abominable de montrer la honte aux enfants et qu’on avait juste à écouter un peu de belle musique pour se rendre compte de la nécessité de cette liberté de vivre là. Je criais bravo ma Titi bravo et j’applaudissais fort pendant que les autres se bouchaient les quenoeils.

Le mercredi on partait en ville dans la Ford manger de la crème glacée molle dans des cornets et voir des concerts dans des bistros très chics, des fois j’étais trop jeune pour entrer mais Titi savait bien négocier. Souvent on arrêtait chez Lucille, qui faisait des élixirs avec de l’huile de fleurs précieuses et qui les vendait. Lucille avait des yeux, plus que les autres personnes je veux dire, on les voyait beaucoup et ils donnaient des étourdissements. Titi m’avait expliqué que c’était une sorcière Lucille mais une bonne sorcière, genre qui savait trouver des réponses sur les choses. Lucille parlait parlait toujours très longtemps avec les paupières fermées, ça me relaxait j’aimais pas ça ces yeux-là. Des fois elle me disait des secrets, des trucs juste à moi comme de porter des meilleurs souliers parce qu’elle me prédisait des oignons sur les gros orteils, ou d’arrêter de botter les choses quand j’étais pas bien dans la tête. Ou bien des choses à Titi et à moi, comme une fois de pas prendre la Ford pour une semaine à cause des accidents mortels de la route. Ou encore juste à Titi certaines fois, par exemple de se mettre de la crème à la rose pour l’amour de soi et de faire brûler des chandelles chaque jour et Titi se mettait à brailler.

Une fois, Titi a voulu parler à Lucille sans que j’entende, elles se sont éloignées mais j’ai des bonnes oreilles moi j’ai écouté. Je suis presque certaine que c’était ça son secret, ça disait Lucille Lucille je suis bien toute seule ici mais des fois j’aurais envie d’un homme et de voyages Lucille. La maudite, elle essayait de me conter des menteries. Lucille a deviné que j’avais entendu et elles se sont cachées dans la shed en arrière du magasin, quand Titi est revenue elle était toute bizarre avec des joues pâles et un papier dans ses mains. J’ai demandé c’était quoi l’affaire mais elle m’a menacé de me faire couper les têtes alors j’ai plus rien demandé de la journée, surtout parce que j’avais un cœur gros beaucoup cassé de pas pouvoir savoir ses cachotteries à ma Titi. J’avais envie de crier t’es pus mon amie câlisse de Titi, mais comme j’ai pas le droit de sacrer les mots d’église j’ai rien fait.

Pas longtemps après, Titi a mis mes crayons mes feuilles de papier construction et mon disque dans mon sac à dos et elle m’a dit que je passerais la nuit chez la voisine, celle que j’aimais le moins parce qu’elle voulait toujours couper mes cheveux avec les ciseaux à sa mère. Je sentais si fort la solitude de l’abandon en moi que j’ai même pas trouvé la force de pleurer ou de dire rien, j’ai mis mon manteau et j’y suis allée tout fin seule. Toute la soirée même aux heures des étoiles j’ai regardé par la vitre, même quand tout le monde dormait j’ai regardé, et même quand le ciel a ouvert j’ai regardé encore, si Titi faisait quelque chose de spécial ou quoi mais j’ai rien vu sauf une auto grise dans le driveway. Je me suis endormie cinq ou six instants et en ouvrant les yeux y avait plus l’auto, je suis sortie de la maison et j’ai attendu Titi sur le perron mouillé de gouttes. Après ça c’est devenu chronique, chaque sept jours ou même des fois plus, même des fois aux trois jours elle me laissait. Aussi elle voulait toujours me parler de ça on aurait dit, elle tenait à me faire asseoir pour me causer mais je voulais rien savoir je bouchais mes oreilles je chantais goud mornigne goud mornigne je courais partout dans la cuisine en essayant de botter le chien. Même quand j’étais là à la maison c’était pas pareil, ma Titi était comme plus ma Titi elle était comme une moitié en Titi et une moitié en ciment qui regarde toujours nul part. Elle faisait du poulet elle regardait nul part, elle écoutait des chansons et elle regardait encore nul part et même pas les mêmes chansons qu’avant qu’on écoutait ensemble, plus des chansons très sombres et très secrètes, comme des messes mais avec de la guitare tranquille et des larmes. Je voulais rien savoir, même pas c’était qui ces chansons-là je voulais plus rien entendre parler de rien et je répétais souvent que je voulais déménager chez ma gardienne une bonne fois pour toutes.

Un matin Titi est venue me chercher et elle était folle. Elle a dit devine quoi je m’en vais pour une semaine mais pas à Hollywood non à New York dans un bel hôtel avec une piscine et un lit blanc à 735 kilomètres cette fois. J’ai capoté j’ai sauté partout j’ai crié youpi youpi mais elle m’a expliqué qu’elle y allait toute seule sans moi avec son nouveau chum Armand et son auto grise à lui, que d’ailleurs elle voulait m’en parler avant mais que si je voulais je pouvais le rencontrer le lendemain avant qu’ils partent, qu’elle allait le convaincre, comme ça j’aurais pas besoin d’aller chez la voisine au moins une nuit. Je sais pas pourquoi dans ma tête mais j’ai dit oui ok j’ai dit oui c’est entendu et je me suis évanouie un peu par en dedans. Le lendemain elle a invité Armand  et on l'a attendu avec des breuvages froids et des chips au ketchup. Titi avait ses joues pâles des grands jours et moi j’avais mis une robe à rayures et une bouclette dans ma tresse. On l’a attendu Armand, jusqu’à temps que je m’endorme trop dans le bol de chips jusqu’à temps que Titi finisse la caisse de bière et qu’on se couche toutes les deux en cuillère dans le même lit avec moi qui disait c'est tu de ma faute Titi tu penses et aussi jusqu’à temps que ça fasse trop longtemps pour en parler encore jusqu’à temps que les disques s’usent et on en a plus jamais parlé sauf une fois, quand Titi m’a dit dans l’oreille on est laittes mais au moins on a la musique, c’est-tu pas beau comme paroles ça?

Aujourd’hui j’ai entendu une chanson sur la radio dans mon auto, pas la Ford mais toute autre chose maintenant de mes jours que je conduis moi-même, c’était une chanson qui parlait des mots comme I remember you well in the Chelsea Hotel et un peu plus tard des mots comme I need you, I don’t need you, deux fois, et je crois que c’était une chanson que Titi écoutait dans le temps du temps où je comprenais encore moins quand c’était en anglais, j’ai pas plus saisi là mais j’ai braillé tellement fort que j’ai dû me mettre sur l’accotement et j’ai noté les paroles. Tantôt je chercherai de qui ça vient.

mercredi 10 août 2011

Des belles têtes de pas fiables.


Cette nuit j'ai fait un examen scolaire de décapitation de maquereaux dans une classe assise à un bureau pis toutte, fallait se choisir un partenaire d'examen fait que j'ai choisi mon ami A. Il est arrivé à l'heure j'étais super fière parce que c'est son genre d'être en retard ou de juste pas se pointer, mais là la classe a commencé à se remplir pis il a paniqué pis il est parti sans dire bye, j'étais choquée bleue, pis là tout d'un coup c'était pus A. c'était G. mais dans le fond c'est un peu pareil parce qu'ils sont pareils les deux, pis je me souviens très bien je cherchais toute seule les maquereaux que je venais de décapiter mais qui bougeaient encore dans une piscine pleine de gros poissons avec des dents pas fins qui me mordaient le bout des doigts, je pensais le gros con le gros con il a pas idée à quel point il me met dans' marde pour mon examen pis je me suis juré que cette fois-ci je pardonnerais pas pis je ressens encore la même affaire deux heures après m'être réveillée.

dimanche 7 août 2011

J'ai seize ans de grosse violence sur la 132 Est.

Hier je me promenais en bicycle sur la 132 pis je me suis souvenu d'un truc c'est vraiment un truc que j'avais oublié, peut-être par exprès je sais pas. C'était l'automne que John avait eu de la marde avec le monsieur un peu fou que le monde disait qu'y voulait sacrer le feu aux maisons pis qu'y frappait les madames sur le bord du chemin avec son truck. Ce monsieur-là y faisait peur à tout le monde parce que des jours il était smatte à mort pis des jours il criait criait criait non-stop pis il cognait. Une fois il a rapporté aux polices que mon John avait voulu le tuer avec un gun, c'est tu vrai c'est tu pas vrai moi je le sais pas, ce que je sais par exemple c'est qu'après ça, le soir quand je revenais de la poly en autobus pis qu'ils en parlaient à la radio, qu'ils disaient que John était passé en cour contre le monsieur-un-peu-fou pis qu'il avait perdu sa cause pis qu'il perdait toutte, je rougissais des joues pis je pleurais par en-dedans sans fin. C'est à partir de cet automne-là que j'ai commencé à toujours vouloir m'asseoir toute seule dans l'autobus, d'un coup qu'ils en reparleraient à la radio pis que j'aurais l'air folle encore.

Après ça, chaque fois que John pis moi on allait à quelque part je pensais juste à une affaire, c'était de surtout pas croiser le monsieur-un-peu-fou, paraît qu'il disait à tout le monde qu'il nous câlisserait une volée mais c'était pas sûr on savait pas si c'était la vérité ou quoi.

Un jour alors j'ai seize ans, tout ça ça fait des années pis le monsieur fou ben on placote qu'il a trouvé les bonnes pilules pis qu'il est rendu oké, moi c'est la première fois que je conduis pis c'est mon John qui me montre comment. On roule vraiment lentement pis il me dit de prendre la 132, moi je dis que non que ça va trop vite la 132, lui il me répète que oui oui que je suis capable alors à la lumière je tourne à gauche pour la prendre. Je conduis mon coeur bat comme un maudit fou, je regarde tout le temps dans le rétroviseur comme John m'a dit de faire, pis là tout d'un coup John il arrête de sourire pis il m'ordonne de pas regarder dans le rétroviseur ni sur les côtés ni rien non de juste regarder la route pis de pas capoter. Je comprends plus rien, je le fais comme il dit mais là John il commence à crier, il regarde à côté de moi pis il crie pis il dit de me mettre sur l'accotement tout de suite. Je me retourne pour regarder c'est quoi c'est qui c'est plus fort que moi, pis là je vois le monsieur-un-peu fou, il est dans son gros truck il roule à côté de mon char qui est tout petit petit pis il se tasse de plus en plus, il va peut-être m'emboutir qui sait comme il faisait aux madames mais que personne le mettait en prison parce qu'il avait le droit parce qu'il était malade dans la tête. Il me regarde, il est crampé de rire, il sort sa grosse langue comme s'il bouffait une chatte pis moi je pense une chose, ça s'adresse à John, je demande en secret tant qu'à ça pourquoi tu l'as pas knocké pour de vrai.

J'ai seize ans de grosse violence sur la 132 Est pis ça va me prendre ben du temps avant de conduire encore.

samedi 23 juillet 2011

Un homme, moustache et casquette.

Un homme, moustache et casquette, Montréal, Québec. Par Nina Raginsky.

Lui il a pas de père pas de frères pas de soeurs en tous cas il sait pas c'est qui, il sait juste c'est qui sa mère mais ça fait pas longtemps. Quand il était petit il avait juste une tante pis un oncle pis un golden retriever pis un camion.

Quand il était petit il l'imaginait sa mère avec des bigoudis la nuit et des frisettes le jour, avec du bleu sur ses yeux une cigarette longue et des souliers en cuir plus une boucle dessus. Il l'imaginait dans une Camaro avec un foulard en soie dans ses cheveux et Elvis au boutte en background avec qui elle aurait chanté super bien. Tante et oncle avaient jamais rien dit sur la mère sauf son nom Henriette, ils avaient trop peur qu'elle revienne pas des États-Unis mais ils avaient surtout peur pour leurs fesses à eux, c'est tannant une vie avec ton pas-fils à qui faut que tu fasses du ragoût pis des hot-dogs à tous les jours au lieu de manger au restaurant en buvant beaucoup de whisky. La mère est revenue finalement et elle avait rien d'autre de beau que des cheveux courts blonds des sneakers de course et une amoureuse comme dans les films américains, et la seule chose qu'elle a dit en premier c'est "maudit comment ça que vous lui avez fait les cheveux comme une brosse". 

Quand il était moins petit il s'est mis à imaginer son père à la place, grand avec des jeans pattes d'éléphant, un tattoo à l'intérieur de l'avant bras et des bagues en tête de mort. Il l'imaginait faire de la moto avec pas de casque en fumant des joints, il se voyait chanter du Led Zep avec et jouer de la guitare dans un ampli crinqué au boutte. Quand il l'a vu pour la première fois son père, quand sa mère nouvelle lui a montré sur une photo il a un peu pleuré par en-dedans parce qu'il portait un coton ouaté et une moustache et c'est la dernière fois qu'il a posé une question dessus. 

Maintenant, il se fait trente blondes par année qu'il aime pendant un point quatre-vingt-sept semaines chacune en moyenne, il se regarde beaucoup dans le miroir et c'est tout.

Elle elle a plein de frères plein de soeurs, plein qu'elle connaît pas peut-être même qu'elle sait pas qu'ils existent, c'est parce que sa mère en a donné beaucoup qui ont été distribués à travers le monde entier et qu'elle est la seule qu'elle a gardée. Un jour elle a parlé avec un Maurice au téléphone qui lui a dit "allo ma soeur" avec un accent français et il a bien fallu que quelqu'un lui explique quelque chose, alors c'est comme ça qu'elle a su. Elle a aussi un père qui s'appelle Ricardo mais elle le connait pas non plus parce que quand on la portait chez lui, il l'emmenait tout de suite après chez sa mama tellement il savait trop pas quoi faire avec. La mère l'a su et elle a emmené sa fille en Allemagne pour que plus jamais personne lui fasse de la peine, elle s'est mise à toujours dire qu'elles étaient bien hein toutes seules les deux et qu'elles avaient pas besoin de personne en tout cas. Elles ont jeté les photos de Ricardo, celles de lui sur son vélo celles de lui sur la montagne, et celles surtout de la journée à la piscine quand une autre petite fille avait couru dans ses bras en criant "papa papa" et qu'ils étaient partis sans rien dire. Elles ont aussi jeté les photos des autres monsieurs qu'elles savaient pas s'ils avaient rapport dans une histoire ou non, certains avec des moustaches d'autres avec des gros sourcils et certains encore avec des gros muscles et des haltères.

Maintenant elle est revenue là où elle est née avec son ex Allemand qui veut encore la garder pour lui tout seul mais elle veut rien savoir. Quand elle marche dans la rue avec ses enfants dans la poussette, elle cherche les faces qui lui ressemblent, elle aimerait donc ça avoir une grande soeur surtout parce que Maurice il répond plus jamais au téléphone et qu'elle a présenté ses deux filles à Ricardo, qu'elle a revu mais qu'elle appelle juste Ricardo, et qu'il préfère sans se cacher celle qui lui ressemble le moins à elle. Et aussi parce que sa voisine rit pareil pareil comme sa mère et que c'est fucké. 


Je veux les présenter. L'un à l'autre, lui à elle.

lundi 11 juillet 2011

Les oreillers.

C'est les oreillers qui nous stoolent.
Quand le matin 'sont plus d'un bord ou de l'autre. Souvent 'sont au milieu ça veut dire qu'on s'aime égal. Je rêve-tu ou c'est vrai ça marche.
Ces temps-ci 'sont surtout de ton bord, genre la mienne embarquée par-dessus la tienne en moton.
Au début c'était le contraire mais là ça change souvent dans nos vies.

Je pense que je te cours un peu après ça se peut-tu.

lundi 4 juillet 2011

Avec ma tête de floune.


On dormait pas. On avait des cernes grosses comme nos joues de monde qui mange de la rillette pis du pain pis des pâtes pis des steaks saignants pis des fromages forts. Aussi comme du monde qui fume des cigarettes longues pis qui boit du café extra crème pis qui sirote à deux des vingt-six onces d'Amaretto sur glace pis du Pernod pis du Ricard pis de l’Absinthe pis plein d’autres choses que je suis pus capable de sentir sans dégueuler astheure. On sortait tous les soirs on dépensait tout notre argent, on titubait on tombait partout, on était pleins de bleus on avait mal à la tête on dormait avec toutes sortes de monde, on s’en foutait on disait n’importe quoi on chantait fort en faussant des chansons pas à la mode sur le plateau qu’on adorait, nous. On avait les cheveux couleur nature on se maquillait pas, on s’habillait en pyjamas ou en déguisements, y avait pas encore la retenue le contrôle de soi le semblant de savoir-vivre, la mode les in les out le PR les régimes, maudit qu’on était beaux pis on était jamais fatigués. Je repense à ça, calvaire j’ai l’impression de pus être moi ou d’en avoir manqué un boutte. C’est pour ça que je vous ai appelés pour vous dire allo on se fait tu des retrouvailles pis vous avez dit oui pis je pleurais quasiment, à soir je vous attends dans mon nouvel appartement coin Duluth avec ma tête de floune pis vous autres aussi j'espère, même si vous avez quarante ans.

vendredi 24 juin 2011

Des faces sur des napkins.

Tu as dit "je pense que le gars d'à côté est en train de me dessiner" pis oui il te dessinait c'était vrai, au début on regardait discrètement mais après on se cachait pus pis lui il a vu qu'on voyait il était gêné, mais son dessin était trop fou dans tête qu'on lui a dit alors il était content alors il a commencé à nous raconter son affaire. C'est Gilles Napkin son nom d'artiste, lui ça fait trente ans qu'il dessine des faces sur des napkins pis des petits papiers carrés, son buts dans la vie c'est juste de les exposer pour montrer au monde comment c'est beau des faces. Il a dit aussi que tu avais une belle bouche sensuelle pis une belle coupe de cheveux de rebelle, mais que dans tes yeux t'es pas rebelle, que dans tes yeux t'es rempli de nostalgie et de douceur pis que c'est la douceur qu'il voulait dessiner. Je pense que ça a marché en tout cas même si t'as l'air un peu triste. Ce qui est fou c'est que Gilles nous a laissé prendre ton portrait en photo après qu'on lui ait payé un verre de chardonnay, avec les bouteilles en arrière plan c'est encore plus swell je trouve.

samedi 28 mai 2011

Extrait de quand on s'invente une vie.



Depuis ce temps-là je mange plus du tout ni rien. Les gens mangent et digèrent et ça me rend incroyablement mal, je pensais que c’était fini depuis que j’ai quatorze ans mais c’est revenu. Hier c’est la honte y a une fringale qui me prend, je mange deux petits gâteaux en deux bouchées je repense aux filles cerise-croquable qui font du jogging en shorts dans ma rue que l’Acteur doit tout le temps mater et qui me font sentir comme de la marde. Après ça je veux aller me faire vomir mais y a rien qui sort et ça fait mal alors je soupe pas. Ma coloc me supplie, je réponds que non et elle se met de dos et pleurniche un peu. En tout cas j’entends son nez couler pendant qu’on fait la vaisselle, mais j’ose pas regarder je siffle « L’Été Indien» vraiment fort vraiment sûre de mon coup. Tout ça c’est pas trop grave de toute façon parce que j’ai rencontré l’homme de ma vie sur une photo il est même pas beau sur la photo mais j’ai capoté, il a une moustache même si j’aime pas ça je me retourne et je dis hey je suis dans le trouble, mon amie qui dessine des oiseaux sur ses bras comprend plus rien. Je sais que je le verrai bientôt en vrai parce que c’est son nouvel ami et avec un peu de chance il aura coupé sa moustache et il portera quelque chose de swell parce que j’ai regardé ses autres photos Facebook et des fois il a pas de moustache et des billes en bois aux oreilles et il est genre le plus beau gars que j’ai jamais vu avec des yeux bleus débarbouillette et des bouclettes.

J’ai le ventre vide vide c’est gossant parce que je sais pas ce qu’il aime ça me dégueule, sauf que je sais qu’il est un peintre Verseau, c’est pas une blague je m’en sortirai pas. Je le vois je tombe presque à terre – il a vraiment coupé sa moustache et il a vraiment des billes aux oreilles, moi j’ai un collier de billes aussi pour que ça soit beau –, on s’assoit sur la terrasse de la taverne et il est à côté de moi sauf que je fais juste une affaire pendant vraiment longtemps; au lieu de parler de sourire ou de boire mon whisky ou de le regarder je regarde mes cuisses posées sur la chaise et je mesure leur largeur avec ma jugeote, ça doit être au moins deux pieds de large, deux fois ses cuisses à lui, c’est trop j’ai chaud je meurs. Ensuite je vais aux toilettes me remettre de la poudre anti luisance, ensuite j’essaie de trouver une position de cuisses qui m’avantage plus, ensuite je retourne aux toilettes me peigner les cheveux en faisant des jumping jacks, et tout ce temps-là lui il rit avec les mêmes filles que celles qui joggent sur ma maudite rue. À la fin de la soirée y a plus que lui moi et mon amie aux bras oiselés, lui il échappe ses clés à terre et il me regarde en les ramassant pas alors je me penche et je veux lui redonner mais il me dit : non. Moi je dis : oui,  lui il dit : non, alors je demande pourquoi en tremblant dans ma voix et il me répond que c’est parce qu’on va partir ensemble de toute façon, pour aller chez lui. Je deviens rouge-mauve et je lui dis que non que je ferais jamais ça que je suis loin d’être de même que ouf non non non. Quand on se quitte je pleure presque et ça prend presqu’une semaine avant qu’on se revoie, moi je mange pas tout à fait encore je dors pas vraiment non plus et ma coloc me parle plus du tout. Cette fois-ci lui et moi on discute d’un ou deux trucs quand même, comme sa peinture fuckée, après ça il me regarde pendant peut-être cinq minutes non-stop et finit par me dire que je suis une belle petite fille. C’est vraiment ses mots :

-       Tu es une belle petite fille.
-       Merci.
-       T’as quelque chose.
-       Merci.
-       Des choses belles pis des choses pas belles.
-       Merci.
-       T’as des secrets.
-       Ok.
-       Je vais les savoir bientôt.
-       Ok.

Il me flatte le dos je râle presque comme une chatte, il met ses mains dans mes cheveux il caresse vraiment fort je ne suis plus de ce monde, il me dit qu’il a vraiment envie de me recevoir dans son lit et que le lendemain on aille déjeuner avec des saucisses et qu’on se saoule au karaoké et je réponds que moi non. C’est pas ça que je veux j’ai su des choses sur lui j’ai su qu’il faisait ça avec toutes les filles, la même affaire, toutes toutes même les pas belles même celles qui ont pas de billes dans le cou ni de secrets. Les fluides de filles sont mélangés dans son lit, elles sont toutes amoureuses toutes folles à lier comme des connes, et s’il y avait une bille dans sa boucle d'oreille pour chaque fille il aurait une tête rienqu’en billes. Je veux pas ça. C’est pas ça.

Ce soir-là, quand on se quitte, je pleure vraiment et je veux plus rien savoir de la vie. 

Ça prend deux jours pour qu’on se revoie encore. Cette fois-là c’est la pleine lune et je suis saoule morte à la téquila et je me laisserais toucher par n’importe qui même quelqu’un qui a des seins, lui il vient me voir avec ses yeux d’ecchymose et il me dit :

-       Je te le demande une dernière fois, s’il vous plaît voudrais-tu faire l’amour avec moi ce soir Stéphanie.
-       Non non.

Je me suiciderais right there. Lui il feel pas non plus il regarde notre amie-oiselle et il a l’air trop trop triste il demande :

-       Qu’est-ce qu’il faut que je fasse pour faire l’amour avec Stéphanie-nie-nie jolie Stéphanie la petite fille qui a des secrets.

Et il m’a. C’est ça c’est bon. Je le tire par le bras, on s’en va au dépanneur acheter des cigarettes, on marche rien que sur les craques de trottoir on chante du Marie-Denise Pelletier vraiment fort et lui il me sent partout en même temps et il dit que je sens rien. On arrive chez lui, y a une odeur de serviette trempe et de gomme balloune, il veut qu’on prenne une douche je suis gênée mais je ferais tout tout pour lui, c’est ça. Dans sa douche qui pue il fait rien que me regarder laisser couler du maquillage sur mes joues en faisant à semblant de prendre des photos, il dit que c’est genre la plus belle chose qu’il a vue depuis longtemps il répète encore encore plus de noir-bleu sur les joues à Stéphanie, il dit qu’il veut s’en souvenir toujours. Après ça il me fait un massage mais on fait même pas l’amour il veut pas. Je suis un peu vexée même si j’aurais répondu non, je sais pas si c’est comme pour l'autre d'avant et qu'il aurait pas bandé ou quoi

On se revoit encore et encore. Je suis tellement fâchée de l’aimer autant que j’appelle Joseph petit raton pour qu’il vienne me consoler. Je l’avoue au peintre et il me crie dessus parce qu’il veut pas le savoir mais comment je pouvais le savoir. Il veut pourtant que je lui dise des choses, il me demande toujours dis-moi des choses. Je sais jamais quoi lui dire je veux pas lui donner des balles à mettre dans son fusil. Je veux pas lui montrer que j’ai envie de lui parler je veux pas lui montrer rien même pas mes seins même pas rien, il me dit laisse ta tête aller mais comment comment donc que je pourrais quand il me répète toujours qu’il m’aime pas, qu’il aime l’autre la fille en voyage qui revient jamais, qu’y faut pas m’attacher que nous c’est rien, et quand il m’appelle la nuit l’après-midi pour me dire qu’il veut me voir et qu’il m’invente des chansons pour mon répondeur, un message une chanson par jour et quand il me regarde tout le temps, quand il me pousse sur la balançoire et qu’il apprend mes recettes préférées, qu’il me dessine sur les derrières des paquets de cigarettes, comment donc que je pourrais comprendre quelque chose et parler, comment donc.

On s’en va déjeuner et il me dit c’est fini et je réponds c’est fini et quand la serveuse vient nous voir pour nous demander si c’est fini, il lui répond oui c’est vraiment fini et elle elle rit, elle croit que c’est une blague mais on lui répond que non, non, que c’est vraiment vrai. 

À sa fête ça fait des mois bien bien après, des mois j’aurais dû oublier mais non je marche, je laisse les lumières de circulation décider où je m’en vais, il neige un peu c’est doux, je pense à lui je le cherche dans les bancs de glace brune et je le vois, là sur le coin avec son coat vert poivron, il parle au téléphone. Je me retourne en remontant mon capuchon pour pas qu’il me voie. Je rentre doucement chez moi, je chante : happy birthday to you, du bout des lèvres froides.

dimanche 22 mai 2011

Pas de sexe juste le cinéma.


J’ai rencontré un autre gars acteur Verseau que j’écoutais dans ma télévision à la journée longue quand j’étais au Cégep, il parlait fluide fluide de la voix ça me faisait capoter. Et là je le vois avec des amis d’amis d’amis et on se dit salut et aussi ça va et je touche sa main douce d’homme pas tant homme, avec des ongles lisses et coupés parfaits, ça me fait un frisson. Le lendemain il me demande d’être son amie sur Facebook je capote encore ben raide, il m’a même écrit un message ça dit y faudrait se revoir bientôt. Est-ce que c’est moi qui invente des trucs ou quoi il me semble que c’est comme une moitié d’invitation peut-être, ou peut-être que c’est rien comment je peux le savoir je lui réponds oui quand tu veux avec un petit bonhomme aux quenoeils qui sourient et il me répond trois minutes après avec son numéro de téléphone, il dit qu’il est gêné mais qu’on peut aller au cinéma demain que c’est pas trop gênant ça. Des fois ça arrive dans ma vie des affaires de même out of nowhere pis après ça c’est dur de pas croire en quelque chose. On va voir bien sûr un truc allemand sur la guerre pas écoutable que je fais semi à semblant de trouver intéressant, lui il s’en bave dessus tellement il aime ça ses yeux bleus d’hippocampe sont fous de fascination alors après on va prendre une bière pour mieux en parler, il parle il parle il dit qu’il a compris des choses que les autres n’ont pas comprises, que s’il veut il peut avoir n’importe quoi n’importe qui, qu’il est un enfant indigo et moi je sais même pas c’est quoi mais je dis hum hum (après j’ai su que ce sont des enfants spéciaux intellectuellement et spirituellement supérieurs avec des dons comme la télépathie admettons, quand même). Je l’écoute encore longtemps parler de ses anciens voyages et de ses anciennes baises dont une qui avait un peu un gros cul et je suis traumatisée de la façon qu’il le dit on dirait que c’est la chose la plus répugnante qu’il a jamais vue, mais sa voix est douce et je suis perdue totalement dans sa face parfaite avec ses arcades sourcilières qui fittent avec sa mâchoire, et ses deux yeux plantés comme des billes dans de la crème glacée à la vanille, et sa bouche rouge comme des smarties et sa petite craque entre les dents d’en avant qui dit come on. Vers les trois heures du matin il se lève et me dit bye bye sans rien de plus, deux becs sur les joues.

-       Bye bye.
-       Bye bye.

Je suis plantée en plein milieu du bar comme un cornet fondu plein de garnotte.

Le lendemain je lui écris même pas, je suis sûre qu’il a vu dans mes yeux comme je suis conne et c’est mon cul aussi, et c’est déjà fini c’est tout. Mais j’ai un picot rouge dans ma boîte avec un « 1 » dedans, j’ai un message, allo c’était vraiment cool hier est-ce que tu veux aller voir un autre film demain soir? Ah wow wow j’aime énormément les films de guerre allemands tout d’un coup je pourrais aller en voir au moins six autres, je réponds oui ça recommence, suédois ce coup-ci c’est pas trop pire, après on marche dans les rues jusqu’à quatre heures du matin et il me parle de plein d’autres choses sur lui je commence à le connaître par cœur. Arrivés devant sa maison il me dit bye bye encore deux petits becs et là j’attends longtemps seule sur le trottoir, je réfléchis je me dis qu’y doit vraiment y avoir quelque chose que j’ai pas compris sur l’existence et sur les relations humaines. Mais j’ai encore un message une semaine plus tard, j’attends toute la journée avant de lui répondre, j’écris ben ça dépend parce que moi je veux vraiment qu’on fasse l’amour mais on dirait que toi non alors ça dépend. Il répond come on viens au cinéma avec moi mais j’ai toujours pas ma réponse, alors j’y retourne c’est sûr. Après le film (indien) on se couche dans le parc devant chez lui parce qu’il veut encore qu’on se sépare mais moi j’ai raté mon bus et j’ai très soif, je veux un verre d’eau. Il me propose de m’en donner un et de me présenter son perroquet en même temps, il parle et chante très bien qu’il dit. 
Chez lui c’est doux avec des plantes vertes, je veux pas partir et il a encore plein de choses à me raconter, tellement que je manque encore mon bus et qu’il me propose de me faire un petit lit dans le salon. Au début je dis non mais je manque mon troisième bus et là y en a plus je suis faite. Il me sort une brosse à dents neuve, c’est cute de sa part, et pendant que je me lave le visage il me crie par-dessus la porte :

-       Je suis vraiment vraiment content que tu sois restée.

Moi je pense juste au maudit lit sur le divan-lit qui m’attend.
Je me couche dessus, c’est froid comme un trou je suis juste en dessous de l’air climatisé. Je l’entends lui dans sa chambre qui bouge dans ses couvertes qui font scroutch scroutch, il soupire, il grogne, il ouvre la fenêtre, il s’allume une clope. C’est pas vrai que je me dis. C’est pas vrai que je vais coucher ici sans coucher dans sa chambre c’est pas vrai, je me lève en grosse panique, je vais le voir je lui dis allo je peux-tu dormir avec toi mais on est pas obligés de faire l’amour en fait je veux pas faire l’amour pentoute juste dormir collée sur toi ok j’ai froid pis je m’ennuie pis j’ai peur du noir pis des divan-lits, pendant que je parle je me couche et il est déjà sur moi avec ses mains sur mes seins et sur mon cou il m’embrasse sur la bouche et moi tout ce que je me dis c’est Jésus Jésus faites que mon cul soit pas trop gros à soir.

Après ça essaie de pas virer accro. Le lendemain je l’appelle pour lui proposer un film indonésien mais il répond pas, le surlendemain je lui laisse un message, il me rappelle il dit que ça lui tente je saute tout partout sans faire de bruit dans le téléphone, on se donne rendez-vous. Une heure plus tard il me rappelle :

-       Ça me tente de te voir mais ça te dérange tu si on fait pas de sexe? Juste le cinéma?
-       Non non ouf vraiment pas c’est ben correct ouais vraiment pourquoi?
-       Ben c’est parce que je voyais une fille avant toi que je respecte plus que tout une fille merveilleuse tellement belle tellement dans mon cœur pour la vie pis à elle j’ai dit non alors comment je pourrais dire oui à toi?
-       C’est ben correct là, parfait parfait, t’en fais pas ça me dérange pas pentoute.

Je raccroche je feel pas numéro un, je regarde dans le vide longtemps, le téléphone sonne encore c’est lui :

-       Ouin finalement je pourrai pas à soir je vais prendre ça relax j’ai un tournage demain et tout tsé…
-       Ah pas de problème ça me dérange vraiment pas on va se reprendre cool cool.

Et là j’entends le bruit de fond, il est dans un bar avec ses amis ça parle fort ça se bidonne, je raccroche je dis rien je crache des larmes de partout dans ma face, ma coloc-sœur me regarde avec ses gros yeux, le téléphone dans sa main vers moi. Elle me dit de l’appeler que ça a pas de bon sens que je suis une vraie farce et elle a raison je compose son numéro je suis all over the place :

-       Salut Monsieur je voulais juste te dire que c’est pas vrai que ça me dérange pas ça me dérange énormément les gens comme toi qui font sentir les autres comme de la marde ‘fait que je voulais juste te dire de plus jamais de ta vie penser à m’écrire ou m’appeler bye.

Tiens toi.

samedi 14 mai 2011

Qui brillait qui brillait.

C'était à quelque part où des fois on voit juste les yeux. Du tissu noir pis des yeux de femme, même pas de mains. Des yeux bien maquillés, qui portent tout le poids d'être les seuls qu'on voit. À côté de la femme y a souvent un mari en gougounes-bermudas-jeans en t-shirt copié sur ceux des Américains. Y sourit ou y baboune, on le voit; sa femme on le sait pas sauf des fois y en a qui sont bonnes avec les yeux.

C'était dans un pays étrange et laid au Nil tout brisé et si beau aussi, où les gens sont sortis dans la rue pour la politique, forts forts grands grands. Maintenant ils ont des buildings brûlés et plus beaucoup de touristes, alors quand ils en voient ils deviennent comme étourdis et fous un peu alors ils leur lancent des trucs dans les mains ils leur mettent des trucs sur la tête et ils crient ils disent ten pounds twenty pounds, les touristes disent non mais ils les écoutent pas ou ils deviennent très fâchés, ils les suivent sur un kilomètre et ça recommence à chaque coin de rue.

C'est pour ça que quand on a pris la madame qui brillait en photo, avec Amélie à côté, et qu'elle a tendu ses mains en nous donnant des becs, j'ai sorti mon porte-feuille, j'ai tendu un ten pounds. Et quand elle a dit non non on comprenait plus rien, on se demandait si c'était pas assez ou quoi, jusqu'à temps qu'on se rende compte que tout ce qu'elle voulait c'était une photo avec moi aussi et que des larmes nous sortent des yeux.

J'me suis assise à côté d'elle et là on s'est collé une couple de secondes.


samedi 30 avril 2011

Cinq heures du matin pas rapport.

Tantôt dans le métro y avait deux madames liftées en talons hauts qui racontaient leur mari qui les avait trompées c'était triste pour mourir, mais juste en face de moi y avait une mademoiselle toute belle toute brune avec un petit garçon tout blond coupe-bol, j'osais pas les regarder sauf mais elle la madame elle me faisait tout le temps des beaux sourires, je comprenais pas si j'avais une tache de mayonnaise dans le front ou quoi. Finalement je lui ai rendu son sourire mais pas trop trop, juste pour dire, je voulais pas qu'elle pense des affaires, pis quand elle est descendue elle a dit byyyye pis elle a dit à son bébé-blond de me dire byyyye aussi pis les deux ils m'ont fait des becs soufflés dans leurs mains, j'ai un peu pleuré après, je sais pas quel genre de vibe j'avais peut-être que c'est parce que je revenais de Thetford Mines pis que le monde sont fins là-bas pis qu'ils rient de mes jokes, même si l'eau est toute jaune j'ai ben aimé ça en tout cas.

vendredi 29 avril 2011

Bienvenue Welcome.


On va être séparés pour un petit boutte je sais que c'est plate, mais dans mon téléphone j'ai une photo qui va me consoler chaque fois que je vais la regarder oui chaque fois. C'est ta main aux ongles un peu longs de guitariste pis ma main avec des ongles en couleurs qui se tiennent fort pis y a aussi un napperon qui dit Bienvenue Welcome sur la table pis en petit petit on voit pas bien mais y a un message de biscuit chinois, si je me souviens bien ça dit de commencer dès maintenant à planifier nos vacances de rêve. C'était cool à ce moment là parce qu'on était assis côte à côte sur la banquette en cuirette pis on écoutait pas la game de hockey comme tout le monde non on parlait pis on s'aimait à la place, on se collait l'oreille sur mon Ipod pour entendre les chansons que je faisais jouer, toi pis moi en même temps. Toi tu voulais pas qu'on dérange les autres avec le bruit mais moi je m'en foutais, c'est un peu toujours de même des fois ça me fait chier mais dans le fond une chance que t'es là. Pis aussi y a un truc c'est que moi je crois tout le temps aux biscuits chinois fait que qu'est-ce tu dirais des Îles de la Madeleine, ça va faire changement des pyramides pis des pharaons pis du Sphinx qui est même pas beau si ça se trouve.

samedi 23 avril 2011

Je travaille plus a Dégueulton c'est fini ce temps-là.
Y en a qui vont me manquer, surtout celui qui venait manger quatre fois en huit heures, qui remplissait mes poches et mes oreilles de cling-cling.
Je viens d'avoir vingt-quatre ans j'haïs ma fête c'est cruel, parce que je veux tout le temps rester toute seule dans mon bain mais après je braille que j'suis toute seule dans mon bain.
Je sors plus beaucoup c'est fini ce temps-là itoo. Je me sens trop seule au milieu d'une piste de danse seule quand je danse pas et tout tourne autour tout tourne autour et je comprends rien de ce que je fais là.
Y a du monde qui me passe dans la face sans me regarder mais je les regarde pas pfffft et je sais plus trop si c'est moi qui les aime pas ou l'inverse mais j'ai tendance à capoter.
Je suis un peu comme quelqu'un qui existe plus beaucoup à l'extérieur de moi tout à l'intérieur et avec des yeux qui disent pas allo sont trop fatigués, faut être perspicace pour les trouver fins.
Je travaille fort et tout coule par terre rien ne reste dans mes mains à la fin, tout à l'extérieur rien à serrer qu'un gâteau de fête riche comme une brique qui fait engraisser, un bouquet de fleurs qui fait pitié et une couple de petits rires qui sont vrais mais pas beaucoup, et de l'amour un peu et aussi une idée c'est que fuck je peux tout faire dans la vie mais j'pourrai pas me saouler en même temps ça c'est sûr, ni m'acheter quinze robes à 200 piasses ni servir des gras trans non-stop dans un delicatessen.
Faut que je choisisse pis que j'arrête de chialer.

samedi 16 avril 2011

À soir dans l'ciel y a toé pis moé.


Jean-Guy arrive au magasin de guitares il a l'air normal sauf un petit quelque chose d'un peu pété, il dit au vendeur moi je veux la guitare la moins chère le vendeur se dit encore un maudit qui connaît rien qui veut acheter une dompe pis moi j'haïs ma job pour mourir, il lui répond sans sourire alors. Mais Jean-Guy est pas un maudit, il a même une brillance dans ses quenoeils une brillance douce, il renifle dans son nez il dit excuse-moi je suis ému c'pour ça c'parce que j'achète ça pour Mario l'itinérant pis moi-même j'ai failli être dans 'rue mais j'ai été sauvé c'pour ça j'suis ému mon gars. Le vendeur se sent un peu moins fâché il lui vend sa guitare il lui donne des picks en extra pis il y pense fort fort après, vraiment fort, jusqu'à temps que Jean-Guy revienne avec son kodak en sautant partout pis qu'il lui montre le vidéo de Mario qui joue de sa guitare. Y joue trois accords y chante à soir dans l'ciel y a toé pis moé pis c'est à peu près ça, y a du vent dans ses cheveux longs comme un real pis quand y arrête y dit à Jean-Guy va-t-en pas j'vas t'en jouer une autre pis y joue la même maudite affaire, trois accords pis c'est la plus belle chose que le vendeur pis Jean-Guy ont entendue de leur vie j'pense pis quand le vendeur va le raconter à sa blonde le lendemain matin les deux vont se serrer fort fort à côté de la cafetière en pleurant un peu pis c'est pour des affaires de même qu'on vit me semble.