Je n'ai pas de tête. Je suis omnipolaire. Je marche dans les rues en chantant mal et en faisant des punch de drum avec mes mains et en buvant du vin dans un sac en papier brun. Je bois aussi des cafés-filtre au Dégueulton, des fois j'y travaille et tout le temps j'y écoute aux tables. Je sors danser dans les bars country. Je suis pas super en Charleston. Je cherche une liberté douce. Je fragmente les histoires des gens que je rencontre au cours de mes soirées qui n'ont ni tête ni rien non plus.

jeudi 29 juillet 2010

All you need is love.


La fille a passé la journée a squatter le profil Facebook du gars.
Elle a regardé toutes ses photos, lu tous les commentaires des filles, s'est demandé lesquelles couchaient avec pis lesquelles non. Ensuite, elle a squatté les profils de celles pour qui elle avait décrété oui.
C'est du sport, pareil.
Elle a raconté l'histoire à cinq personnes.

«Là, il m'a dit ça, pis il m'a écris ça. Oui, on a couché ensemble, mais il m'a dit qu'il faisait jamais ça avec des inconnues d'habitude. S'il m'a donné son numéro, ça veut-tu dire qu'il est intéressé? Combien il faut que j'attende de temps avant de rappeler?»

La règle: il faut attendre trois jours avant de rappeler. Donc si tu appelles le lendemain, t'es un loser. Si tu rappelles le surlendemain, t'es un loser. Si tu attends les trois jours réglementaires, la personne sait que tu connais la règle, elle est pas cave là, fa'que a sait que t'es intéressé pareil, fa'que t'es un loser itoo. Si tu attends plus longtemps, t'as manqué l'bateau, a connaît même p'us ton nom ni ta face ni rien, bonne chance.

La question à te poser, c'est d'abord et surtout combien de temps t'es prêt à attendre avant de laisser un message sur sa boîte vocale, pis de passer la semaine d'après à emmener ton cellulaire dans chambre de bain pis à dormir avec sans qu'y sonne une seule fois.

Tu peux aussi te fier sur la règle: s'il te donne son numéro mais ne prend pas le tien, il est pas intéressé. C'qui est poche, c'est que je sais plus trop si l'inverse est inversement proportionnel. Ni qu'est-ce qui arrive avec les exceptions.

Tu peux toujours te référer à l'honorable «He's just not that into you» pour détails supplémentaires.

C'est platte. Je sais que tout le monde parle de ça là, en riant même, mais moi je regarde les gens autour de moi s'étioler de non-amour pis ça me fait mal. On passe notre temps à faire à semblant qu'on se sacre de la personne qu'on voit dans not' soupe. On répand à tous vents des niaiseries comme «rien se devoir», «pas d'attentes», «prendre notre temps», on y croit pas, pas personne, si oui qu'il se lève.

J'ai eu un coup de foudre l'autre jour à la SAQ St-Denis/Duluth pour le petit caissier (vous pouvez lui dire, ça me dérange pas). J'ai faitte comme si je l'avais pas vu pis je suis passée à l'autre caisse en regardant mon menton. Fallait pas qu'y me voit rougir, c'est trop pathos d'être vulnérable.

Ce dont j'ai le plus peur, dans tout ça, c'est de perdre la foi.
J'ai peur de plus avoir de spring dans l'coeur, peur de me déclarer vaincue d'avance à chaque fois, de m'économiser, de me détacher, de ne pas me commettre, de baisser les yeux, de ne plus espérer l'inattendu. J'ai peur de commencer à croire qu'on est tous des trous d'cul.

Je suis la personne la plus naïve que je connais.
Au secondaire, les coups montés étaient faits sur mesure pour moi.
Encore aujourd'hui, les gens me font à croire n'importe quoi, ils trouvent ça cute qu'ils disent, ça les fait rire, moi ça me fait péter ma coche.
Mais je suis contente d'avoir dessiné des lettres sur les carrés de bois vierges de mon jeu de Scrabble, à dix ans, parce que je croyais que le jeu nous donnait le droit de CHOISIR. Contente de pas avoir choisi les lettres les plus stratégiques, mais les lettres que je trouvais belles.
Je suis contente d'avoir cru et raconté à tout le monde que ma chienne de six livres et trois onzes avait couru après un ours pis qu'y s'était sauvé en courant.
Je suis contente d'avoir cru tous les gars qui m'ont regardée comme si j'étais la plus belle affaire à exister.

Je suis contente de me péter la gueule pis d'y croire pareil.

Aujourd'hui, je prône la non-stratégie, la spontanéité, l'emballement prématuré.
Appelle-le donc ton petit Français, ma belle.

All you need is love.

Merci.

mercredi 28 juillet 2010

Jimmy court après les filles.

Jimmy aime les filles.

Jimmy aime les filles qui ont des yeux clairs et des couronnes de cuir autour de la tête.

Il aime les filles qui ont un peu de maquillage coulé noir, qui fument du bout des doigts des clopes qu'elles allument les lèvres bombées, au coin de la bouche, nonchalante. des lèvres sèches et des doigts peinturés croche. Des chandails qui laissent rien voir, et des dessous de chandail où il n'y a rien. Elles ont des accents anglais qui disent «Bonjurrr Mezzieû vus zaurié du feu s'il-vous-plé?», des accents d'Ouest exotique.

Jimmy aime les filles qui ne l'aiment pas, comme on connaît. C'est tannant, parce qu'il faut toujours recommencer.

Mais il y a les filles et il y a Marie.
Une foule, une Marie. Un raz-de-marée, Marie. Au milieu. Elle se tient avec ses cheveux rasés sur le côté et ses joues en forme de pêche rose, qui ne sont pas conventionnels.
Marie est pas comme les autres filles que Jimmy aime, c'est Marie.
Et il faut pas en parler.
Moi, je l'aime pas parce qu'elle est pas fine. C'est probablement celle qui l'aime le moins et c'est probablement pour ça que tout ce qu'on sait arrive. Jimmy lui écrit des poèmes et il pleure, des fois.

J'essaie de le raisonner, mais ça ne sert à rien.

Jimmy a aimé Mathilde un an, jusqu'à ce qu'il se rende compte que c'était pas vrai qu'elle l'aimait pas. Il a aimé Audrey trois jours, jusqu'à ce qu'elle attrape le hoquet.

C'est pas beau une fille qui a le hoquet.

Il a aimé Léa tant qu'elle est restée sur l'autre continent. Après elle était trop proche et ça faisait voir les défauts visuels et olfactifs. Il a aimé Catherine, mais elle a mis trop de drogue dans son verre de bière et s'en est administré trop à son tour pour que ça soit OK.

Pour Josianne, Claude et Mimi, y a pas de raison particulière.

L'amour, c'est un coup de dé et un jeu de rôles à la fois.
Il faut représenter quelque chose, et ensuite trouver la personne pour qui ça a du sens.

Sauf que tôt où tard, on est somnambule, soûl, ou on décroche un court instant et là, la lumière trahit. Ça se passe surtout le matin. On dit qu'y a toujours quelqu'un qui court plus que l'autre après l'autre, dans l'histoire. C'est pour ça qu'on suggère de porter le masque qui facilite la vie.

(Parenthèse, ça me rappelle une scène de «Minuit le soir», qui se passe pendant un party masqué. Le gars cherche son amour, mais tout le monde porte le même masque. Le gars marche, il sait qu'il va la trouver, et il arrive devant quelqu'un et lève le masque. C'est elle.

Peut-être que Marie, même si elle a le même masque que tout le monde, n'a pas le même fond et que c'est pour ça que Jimmy la sent, la reconnaît et n'en revient pas.)

Bref, j'essaie de comprendre et croyez-moi, je sais que tout ce que je suis en train de dire n'a pas beaucoup de sens, dans la logique universelle.

Je regarde Jimmy, il est épuisé.
Il dit «vous êtes jolie mademoiselle», mademoiselle tombe amoureuse, elle n'est plus jolie anymore. Il revient à Marie. Une chanson. réessaie «vous êtes la plus belle mademoiselle». une autre chanson, pour Marie.

J'aimerais que Jimmy puisse se reposer, mais comment, je n'en sais rien.

mardi 20 juillet 2010

Un vrac de vérité.

1) J'ai arrêté de fumer et je n'ai jamais mangé autant de Oreo de toute ma vie. et de tarte aux pommes. et de mille-feuilles. et de vin-café-thé, parce que le sucre, ça donne mal au coeur.

2) Je chante devant 10 000 personnes après-demain et je sais pas ce que je vais dire, ni ce que je vais faire, en fait, je sais pas si je vais pouvoir faire quoi que ce soit, comme me tenir debout ou m'asseoir. Si je pouvais, j'échangerais ma place avec quelqu'un qui va voir Toy Story ou qui a une date avec un gars qui a essayé de dater toutes les filles sur Facebook (voir plus bas pour exemple). Mais là j'ai p'us le choix, alors je vais me payer une robe, une épilation pis une pédicure, on sait jamais tout le pouvoir que ça peut avoir.

3) Des fois, je trouve que les bonnes nouvelles qui se passent dans' vie, ça vaut rien quand t'es tu seul dans' maison au moment de recevoir le call.

4) Chaque fois que j'écoute un film, je me sens comme d'la marde. je veux changer de vie. Mais faut jamais oublier que pour les personnages d'un film, y a aucune conséquence à faire des choses extraordinaires, sauf celle d'être dans un film. Les personnages d'un film ont droit à toutte.

5) C'est épeurant, à quel point j'ai de l'intuition. ça, c'est quelque chose que je remercie. L'autre nuit, je me suis réveillée en sursaut en pensant «la clé, le char, y a quelque chose avec la clé». Je me suis pas écoutée, je suis restée couchée. Le lendemain matin, j'ai trouvé la clé dans la serrure, l'auto pleine de gear. Mes hommages aux gens de Bonaventure, qui sont pas des voleurs.

6) Des fois, je trouve que le bonheur, c'est d'être tout seul dans un p'tit bateau au-dessus d'une belle eau claire, de regarder au fond, voir la profondeur, la forme des roches, comment le soleil plombe dessus. de t'arranger pour que le chêne que t'as planté meure pas, de sortir ton vélo tout croche pis de te prendre pour un avion, de t'en aller à St-Elzéar, parce que t'as jamais vu de quoi ça a l'air.

7) J'suis tu toute seule à avoir AUCUNE idée d'oussé que j'm'en vas?