Jimmy aime les filles.
Jimmy aime les filles qui ont des yeux clairs et des couronnes de cuir autour de la tête.
Il aime les filles qui ont un peu de maquillage coulé noir, qui fument du bout des doigts des clopes qu'elles allument les lèvres bombées, au coin de la bouche, nonchalante. des lèvres sèches et des doigts peinturés croche. Des chandails qui laissent rien voir, et des dessous de chandail où il n'y a rien. Elles ont des accents anglais qui disent «Bonjurrr Mezzieû vus zaurié du feu s'il-vous-plé?», des accents d'Ouest exotique.
Jimmy aime les filles qui ne l'aiment pas, comme on connaît. C'est tannant, parce qu'il faut toujours recommencer.
Mais il y a les filles et il y a Marie.
Une foule, une Marie. Un raz-de-marée, Marie. Au milieu. Elle se tient avec ses cheveux rasés sur le côté et ses joues en forme de pêche rose, qui ne sont pas conventionnels.
Marie est pas comme les autres filles que Jimmy aime, c'est Marie.
Et il faut pas en parler.
Moi, je l'aime pas parce qu'elle est pas fine. C'est probablement celle qui l'aime le moins et c'est probablement pour ça que tout ce qu'on sait arrive. Jimmy lui écrit des poèmes et il pleure, des fois.
J'essaie de le raisonner, mais ça ne sert à rien.
Jimmy a aimé Mathilde un an, jusqu'à ce qu'il se rende compte que c'était pas vrai qu'elle l'aimait pas. Il a aimé Audrey trois jours, jusqu'à ce qu'elle attrape le hoquet.
C'est pas beau une fille qui a le hoquet.
Il a aimé Léa tant qu'elle est restée sur l'autre continent. Après elle était trop proche et ça faisait voir les défauts visuels et olfactifs. Il a aimé Catherine, mais elle a mis trop de drogue dans son verre de bière et s'en est administré trop à son tour pour que ça soit OK.
Pour Josianne, Claude et Mimi, y a pas de raison particulière.
L'amour, c'est un coup de dé et un jeu de rôles à la fois.
Il faut représenter quelque chose, et ensuite trouver la personne pour qui ça a du sens.
Sauf que tôt où tard, on est somnambule, soûl, ou on décroche un court instant et là, la lumière trahit. Ça se passe surtout le matin. On dit qu'y a toujours quelqu'un qui court plus que l'autre après l'autre, dans l'histoire. C'est pour ça qu'on suggère de porter le masque qui facilite la vie.
(Parenthèse, ça me rappelle une scène de «Minuit le soir», qui se passe pendant un party masqué. Le gars cherche son amour, mais tout le monde porte le même masque. Le gars marche, il sait qu'il va la trouver, et il arrive devant quelqu'un et lève le masque. C'est elle.
Peut-être que Marie, même si elle a le même masque que tout le monde, n'a pas le même fond et que c'est pour ça que Jimmy la sent, la reconnaît et n'en revient pas.)
Bref, j'essaie de comprendre et croyez-moi, je sais que tout ce que je suis en train de dire n'a pas beaucoup de sens, dans la logique universelle.
Je regarde Jimmy, il est épuisé.
Il dit «vous êtes jolie mademoiselle», mademoiselle tombe amoureuse, elle n'est plus jolie anymore. Il revient à Marie. Une chanson. réessaie «vous êtes la plus belle mademoiselle». une autre chanson, pour Marie.
J'aimerais que Jimmy puisse se reposer, mais comment, je n'en sais rien.
Je n'ai pas de tête. Je suis omnipolaire. Je marche dans les rues en chantant mal et en faisant des punch de drum avec mes mains et en buvant du vin dans un sac en papier brun. Je bois aussi des cafés-filtre au Dégueulton, des fois j'y travaille et tout le temps j'y écoute aux tables. Je sors danser dans les bars country. Je suis pas super en Charleston. Je cherche une liberté douce. Je fragmente les histoires des gens que je rencontre au cours de mes soirées qui n'ont ni tête ni rien non plus.
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