(Exercice de littérature jeunesse, pour treize ans ou alentours mais je me souviens plus trop ce que c'est que d'être treize ans...).
C’est toujours la même chose avec Charlie. Il a un caractère de cochon, non, de loup. Il est toujours en tabarouette quand la lune s’en vient pleine, j’ai remarqué. Du coup il me prend pour acquis, il me crie après que je l’énerve, que je comprends que dalle, que je suis bonne à rien en ce qui a trait au basketball et moi j’ai envie de plus être son amie jamais.
J’ai échappé le ballon, c’est pour ça.
J’ai fait à semblant que ça me faisait rien, je lui ai dit d’aller manger son lunch chez le diable, mais je suis allée me cacher dans la toilette pour pleurer en paix. Il comprend pas ce que c’est que d’être une fille, il comprend pas que les règles c’est pire que les lunes, que moi mes hormones grimpent dans le 100 volts en même temps que la lune devient enceinte, que je me sens enflée et nulle, que j’ai plus de peine que lui mais que j’ai juste moins de voix. Je suis pas un loup de lune moi je suis une brebis. Une brebis menstruée.
On dirait que plus Charlie vieillit, moins je le connais. Depuis qu’il commence à changer de voix, je crois qu’il commence aussi à changer de tête. Dans le sens de cerveau, pas de cheveux. Ses cheveux sont encore pareils, comme du blé de champs qui sent le caca de vache. Il a un nouvel ami qui s’appelle Mathias. Cibole. J’ai jamais vu pareille cruche. Mais il porte des Vans et je crois que c’est sa seule qualité.
Peut-être que Charlie a oublié le temps où on jouait nus pieds et que ça nous dérangeait pas.