Je n'ai pas de tête. Je suis omnipolaire. Je marche dans les rues en chantant mal et en faisant des punch de drum avec mes mains et en buvant du vin dans un sac en papier brun. Je bois aussi des cafés-filtre au Dégueulton, des fois j'y travaille et tout le temps j'y écoute aux tables. Je sors danser dans les bars country. Je suis pas super en Charleston. Je cherche une liberté douce. Je fragmente les histoires des gens que je rencontre au cours de mes soirées qui n'ont ni tête ni rien non plus.

jeudi 21 octobre 2010

Charlie aime plus être nus pieds.

(Exercice de littérature jeunesse, pour treize ans ou alentours mais je me souviens plus trop ce que c'est que d'être treize ans...).


C’est toujours la même chose avec Charlie. Il a un caractère de cochon, non, de loup. Il est toujours en tabarouette quand la lune s’en vient pleine, j’ai remarqué. Du coup il me prend pour acquis, il me crie après que je l’énerve, que je comprends que dalle, que je suis bonne à rien en ce qui a trait au basketball et moi j’ai envie de plus être son amie jamais.

J’ai échappé le ballon, c’est pour ça.

J’ai fait à semblant que ça me faisait rien, je lui ai dit d’aller manger son lunch chez le diable, mais je suis allée me cacher dans la toilette pour pleurer en paix. Il comprend pas ce que c’est que d’être une fille, il comprend pas que les règles c’est pire que les lunes, que moi mes hormones grimpent dans le 100 volts en même temps que la lune devient enceinte, que je me sens enflée et nulle, que j’ai plus de peine que lui mais que j’ai juste moins de voix. Je suis pas un loup de lune moi je suis une brebis. Une brebis menstruée.

On dirait que plus Charlie vieillit, moins je le connais. Depuis qu’il commence à changer de voix, je crois qu’il commence aussi à changer de tête. Dans le sens de cerveau, pas de cheveux. Ses cheveux sont encore pareils, comme du blé de champs qui sent le caca de vache. Il a un nouvel ami qui s’appelle Mathias. Cibole. J’ai jamais vu pareille cruche. Mais il porte des Vans et je crois que c’est sa seule qualité.


Peut-être que Charlie a oublié le temps où on jouait nus pieds et que ça nous dérangeait pas.

samedi 16 octobre 2010

Est-ce que j'peux te mettre dans un gâteau des anges.


Tu manges quoi pour déjeuner.
Aimes-tu Kundera.
Suis-tu l'actualité.
Veux-tu me laver les cheveux, un de ces quatre.
Même si c'est gênant.
Veux-tu me laisser regarder ton album de finissants.
C'est quand, que j'ai le droit de t'écrire.
Pour pas que ça soit trop souvent.
Trouves-tu que mes jokes sont drôles.
Trouves-tu que j'fais des fautes.
Aimes-tu monter des côtes.
Conduis-tu des ski-doo.
Sais-tu planter un chêne.
Sans qu'il ne meure.
Ou t'es juste capable avec les choux.
Sais-tu tuer les heures.
Avec rien.
C'est quoi ton épice préférée.
Veux-tu m'en décorer.

Est-ce que j'peux te mettre dans un gâteau des anges.
Ou est-ce que je peux te boire avec mon café.

Es-tu prêt à plus porter de parfum qui sent normal.

C'est tu grave si je mange mal.
Pis que mes jambes sont croches.
Pis que mes cuisses sont grosses.
Trouves-tu qu'on va trop loin.
Vas-tu regretter demain.

As-tu de la misère avec tes yeux.
Parlent-ils autant que les miens.
Vérifient-ils autant.
Véritent-ils autant.

Moi je mets mes lunettes fumées pendant que je dors pas de la nuit belle.
Jai une ride sur mon chakra du troisième oeil qui m'en empêche.

Ça me prendrait des lunettes à trois verres.

Toi, sommeilles-tu et si oui, viens-tu me voir dans ton rêve astral lunaire.
Dis-le moi, je vais mettre mon pyjama.
J'dormirai plus les fesses à l'air.
Je te donne la permission de rester longtemps.
Y a plus personne dans mon lit de toute façon, je bouge trop dans mon non-sommeil latent.

Moi je mets mes lunettes fumées pendant que je dors pas de la nuit belle.
J'attends que tu m'appelles.

Crois-tu à ça.

Es-tu fou.
Comme moi.
Perces-tu des trous dans ta tête. bois-tu toute ta bière d'un coup.
Es-tu toujours en manque.
De tout.
Perces-tu des trous dans ta vie.
En effaces-tu des bouts.
Penses-tu à moi juste quand t'es saoul.


Ne réponds pas.
Je sais.

vendredi 15 octobre 2010

(Si vous me croyez pas, je ris dans ma barbe à go.)

"Tu vas pas aller voir une voyante? Voyons donc, j'en reviens pas que tu crois à ça. Toi pis tes affaires de karma pis de signes pis d'énergies pis de prémonitions, tu me fais rire".

Ma soeur croit en rien.
C'est notre sujet de chicane principal.
On s'aime full, on se ressemble full, mais elle rit tout le temps de moi là-dessus.

La semaine passée, on soupait avec ma mère pis on parlait d'une voyante à Rimouski, qui est supposément tellement écoeurante qu'elle aide la Sûreté du Québec à résoudre les enquêtes. J'aime ça moi, ces histoires-là. J'suis peut-être un petit peu trop intense, mais ça me fascine oké.

On s'est jamais engueulées si fort, ma soeur voulait rien savoir. Pis tout d'un coup, j'ai eu un gros feeling. Je l'ai regardée, drette dans les yeux, pis je lui ai dit:

- Tu vas voir, cette nuit, tu vas voir un fantôme.
- Ben voyons donc, cette nuit? t'as tellement pas rapport.
- Peut-être pas cette nuit, mais cette semaine. Tu vas voir de quoi qui va te faire croire en que'que chose.

Pis c'est resté demême. Le lendemain matin, elle m'a imitée en riant comme une maudite, mais je m'en foutais. Pis elle est partie en vacances en Gaspésie.


Elle est revenue hier soir. Avec des gros yeux.
Moi, je venais d'avoir un vingt-quatre heures des plus fucked up avec des rencontres fucked up, des coïncidences fucked up, etc.

- J'ai de quoi à te dire...

Pis elle m'a raconté qu'elle était embarquée avec une inconnue pour rentrer à Montréal. Pis que l'inconnue avait habité à Rimouski pendant plusieurs années, pis qu'elle lui avait raconté des affaires. Elle avait l'air sonnée, j'me demandais ben qu'est-ce qu'elle lui avait dit.

(Si vous me croyez pas, je ris dans ma barbe à go.)

La femme qui a ramené ma soeur à Montréal a habité dans le bloc qui appartenait à la voyante de Rimouski. La voyante qui aide la Sûreté du Québec. La voyante que je veux aller voir la semaine prochaine. La voyante pis toutte là.

Mais ma soeur lui a rien dit là. C'est de fil en aiguille qu'elle l'a su, quand la madame lui a raconté que la vieille fuckée à qui elle allait payer le loyer quand elle avait vingt ans pouvait lui raconter ce qui s'était passé, de A à Z, dans une de ses journées quelconques à elle, sans même la connaître. Qu'elle avait deviné des affaires pas possibles.
Pis qu'elle-même avait vécu des affaires pas possibles, à part de la voyante. Qu'elle était bombardée de coïncidences, de signes, de prémonitions.

- Pis, tu crois-tu là?
- Ben... non. pas tant que j'ai pas vu par moi-même. Mais c'est fucké... tsé, la madame elle avait pas l'air d'une ésotérique ou rien, elle était ben normale, même qu'elle travaillait en santé mentale pour aider les schizophrènes. Une vraie madame clean... me semble qu'elle m'aurait pas menti... hein? Ah... pis en passant, j'ai un vidéo à te montrer, sur les ovni... C'est fou là, tu vas voir tu vas capoter...

Hé. Hé. Hé.

lundi 4 octobre 2010

Tam di di di di dam.

Y a des soirs de même. Y a des soirs qui succèdent à des journées de même. T’as beau faire n’importe quoi de gigantesque comme sauver la planète ou torcher une sauce à spag trop bonne, y a rien qui te met de bonne humeur vraiment. Tu t’entoures, tu te colles avec du monde que t’aimes, tu leur fait goûter ta sauce à spag trop bonne, y te disent qu’elle est trop bonne, après ça tu manges une soupe aux légumes qui goûte l’automne, mais t’es toujours pas de bonne humeur vraiment. Ni toi ni les autres. Y fait beau pis toutte là, mais non. Pis là, les journées de même se couchent, pis toutte explose. Tu te fais choker par ton meilleur ami qui est supposé s’en venir te trouver, ça fait deux semaines tu l’as pas vu, tu te dis qu’y t’aime pus, Marie-Michèle se fait appeler par sa meilleure amie qui vient de se faire sacrer là par son chum qui est un salaud, ça crie dans le téléphone, pis ton autre amie s’en va consoler un autre meilleur ami qui se tappe une dépression solide, qui est en train de devenir aussi gris qu’un cendrier, mais que c’est à soir qu’y s’en rend compte, ta sœur revient de travailler en braillant, tu sais pas quoi faire, elle veut pas te parler pis y a Occupation Double dans la télé en même temps qu’elle s’ostine avec sa meilleure amie dans l’téléphone.


C’est pas la pleine lune.

Y a quelque chose dans l’air.

Je suis toute seule, tout le monde est malheureux tam di di di di dam.

Qu’est-ce que j’peux faire.

J’vais aller essayer de me faire partir avec l'eau du bain.