«Tadoussac, débarque de la track. Embarque, dans le sac et le ressac (...)» On a voulu faire un Tadou-jingle pour passer le temps, dans le char. Ça a donné ce que ça a donné, hein.
On a planté notre tente dans le noir avec une lampe de poche grosse comme un dix sous dans la bouche à Bibi. Mais on a fait ça guerrières, je veux dire. Pas tout croche comme on peut s'attendre des filles. Pis vite à part de ça, on voulait rien manquer du reste des choses qui se passaient en bas.
Déjà qu'on était en retard parce que pendant le traversier, question de sauver du temps, on était allées dans les toilettes du bateau se faire un petit maquillage/épilation de sourcils vite faits, et que finalement, en touchant terre, on avait fait attendre toute notre ligne de chars qui pouvaient plus débarquer parce les brigadiers nous cherchaient mais nous trouvaient pas. Et on avait couru jusqu'à la voiture en se cachant la face sous une pluie de klaxons désagréables en criant «Pardon! Pardon! On s'épilait! Pardon.»
***
«As-tu décroché?»
«Non, toi?»
«Non, je me concentre à faire ça, là».
On marchait vite dans les rues, ça nous gossait que le monde prenne leur temps.
On voulait arriver vite, boire notre bière vite, voir toutte notre monde, leur parler beaucoup, pis avoir du fun vite. Pas manquer un seul show.
Surtout, on cherchait la délivrance, vite.
La délivrance du monde qui va vite.
Fa'que là on a voulu toutte planifier d'avance.
Pour pas perdre de temps.
Pour bien profiter de chaque instant.
«As-tu décroché?»
«Non pas encore. Calvaire.»
J'ai fait ma run de lait, j'ai parlé à tous les gens, mais j'arrivais pas à entrer dans mon corps, je le voyais plutôt de haut. Non, plutôt de bas. En vue périphérique, et je savais plus trop si j'aimais mieux les oranges ou les pommes, ce que je pensais du dernier disque de Pierre-Jean-Jacques, comment sourire sans que ça fasse mal aux joues ou trouver quelque chose drôle.
Le lendemain, j'avais toujours pas décroché, c'était décourageant.
On a essayé la plage, le lac, les drinks, les smoke-meats.
Je crois que j'ai pas décroché une seule seconde.
La vue périphérique, a me lâchait pas, la calvaire.
On était au bout du monde, y avait les paysages magnifique, les montagnes. Les couchers de soleil. Les mouches. La musique. Tout ce qu'on dit qui aide à se laisser aller, dans la vraie patente, tsé.
«Tadoussac, débarque de la track. Embarque, dans le sac et le ressac. (...)»
C'est à la presque fin, back on the traversier (on est pas sorties du char, cette fois-là. par mesure précautionnaire) que ça s'est passé. Bibi nous parlait de l'histoire de quelqu'un de courageux et de fort. Tout d'un coup, me suis sentie comme un papier de soie, tu souffles dessus pis y déchire à moitié. Je vous épargne les détails.
Bref, pour finir vite parce que c'est pas bien bien intéressant, mais il faut que je garde ma plume en forme:
On est arrêtées à Baie St-Paul. Y avait des drôles de trucs dégueux dans l'eau et autres choses. On savait pas trop si on dormait là encore une nuit. Je savais toujours pas si j'aimais mieux les pommes ou les oranges etc., alors c'est bien vous dire comment je savais rien. On était en train d'en parler, oui ou non, oui ou non.
Pis là, faut bien l'imaginer, c'est pas pire. Y a une crotte d'oiseau gigantesque qui est tombée sur la tête à MC pis un peu sur ma tête itoo.
Ça a fait splash, ou peut-être, ploush. Bref, c'était pas rien.
Ah b'en lâ lâ, fuck you les oiseaux à Baie St-Paul, lâ. Bye Baie St-Paul, lâ.
Y voulaient rien savoir de nous autres, j'pense.
Tout ça pour dire que, calvaire. C'est le fun fuir, pour trouver des affaires, comme soi-même.
Mais je pense que je vais rester che'nous. Pour un p'tit boutte.
(Tout de même, je tenais à préciser: le festival de Tadoussac, c'est un bien beau festival. http://www.chansontadoussac.com/ pour l'année prochaine).
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