Je sais pas comment ça je me suis rendue là. Le trois quart du temps je me sens comme de la marde pis je mange des gâteaux Vachon. À cause de tout ça je suis un million de filles en même temps comme un amalgame de filles toutes pas sûres, des filles boîtes à malle des fois c’est mélangeant souvent ça marche même pas alors je braille encore plus fort. Depuis ça je peux jamais dire blanc ou noir, oui ou non, en étant certaine, sans regarder autour. J’avais pas pris conscience de ça mais là ça se précise de plus en plus, c’est à cause de Mathieu Rouge principalement, parce qu’il aime ça comparer et choisir. Alors il demande Lennon ou McCartney? Je réponds je sais pas ça dépend. Il dit hum hum.
Des fois quand on va à la piscine, il me prend en dessous de l’eau il me lance dans les airs, c’est le plus beau jour de ma vie parce que je me sens petite et légère. Je ris et il me serre vraiment fort et je souhaite vraiment fort qu’il ait pas vu la peau d’orange crapoutie sur mes cuisses et mes varices de mauvaise circulation du sang qui me font des jambes dégueulasses. Et il fait comme s’il avait pas vu si oui parce qu’il me dit dans l’oreille qu’il voudrait me baiser à mort et qu’il a chez lui un livre, un livre tellement fou que je vais adorer, et mes yeux scintillent dans leurs paupières mon dieu comment ça se fait qu’il existe et qu’il me mange le soir dans mon lit. Et là il me demande Kafka ou Orwell? Et je sais plus rien de rien.
Ce qui est le plus débile et tragique avec Mathieu Rouge, c’est qu’un jour j’ai réalisé qu’on était faits pour s’aimer parce que tous mes accessoires sont rouges et que tous les accessoires de mon amie Aline sont bleus quand elle a un homme de vie qui s’appelle Jimi Blue. Pour moi c’est clair en tout cas.
Rouge aime me marquer la peau. Il me serre les bras ça fait des bleus, il me suce le cou et ça fait des violets, il m’égratigne en bas avec sa barbe, il me brûle avec son bout de clope et ça saigne des fois et le plus fou c’est que je suis folle de ça. Je suis complètement folle de ça et je dis encore et encore. Quand je m’habille je fais exprès de le faire pour montrer mes marques, je veux que tout le monde les voie et je lui appartiens encore plus de même. Je lui vole ses affaires pour qu’il les oublie chez nous, je les porte et avec les marques tout est parfait, je suis à lui. Quand on marche je reste derrière et le regarde de dos, sa carrure la forme de son corps ses cheveux en grosses boucles folles folles, fuck je le veux pour moi pour le reste de ma vie pis si c’est ça je chialerai plus jamais jamais.
- On mange quoi?
- Je sais pas ça dépend
- Hum hum. Ben d’abord tu veux une comédie ou un film d’action?
- Je sais pas…
- Hum hum. Ben va choisir un film, ça serait pas pire quelque chose de japonais.
Ça va comme ça encore et encore je le déçois tellement, je veux dégueuler je tremble je me concentre vraiment fort pour dire, je sais pourtant, fuck ton film japonais je veux quelque chose de plus sweet qui s’écoute fuck tes manières de fils à maman qui m’emmerdent en calvaire mais là rien ne sort parce que j’aime trop ça quand il me serre et je sais qu’il observe il attend de voir si je suis intelligente si je sais me partager en choix et en décisions sensées et s’il me quitte je vais m’énerver à mort.
La nuit des fois il se réveille en pleurant il appelle : Fanny, Fanny, je fais comme si je dormais comme si j’avais rien entendu. Je sais qu’il ne m’a pas choisie et il me quitte et je jure que je recommencerai plus que l’amour c’est fini que je tire la plug pour au moins un an, que le prochain va en baver comme un gros sale.
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