Je n'ai pas de tête. Je suis omnipolaire. Je marche dans les rues en chantant mal et en faisant des punch de drum avec mes mains et en buvant du vin dans un sac en papier brun. Je bois aussi des cafés-filtre au Dégueulton, des fois j'y travaille et tout le temps j'y écoute aux tables. Je sors danser dans les bars country. Je suis pas super en Charleston. Je cherche une liberté douce. Je fragmente les histoires des gens que je rencontre au cours de mes soirées qui n'ont ni tête ni rien non plus.

samedi 26 février 2011

Le mercredi pendant que tout le monde dort (part 1).


Au début y a eu le gars qui est resté quarante-cinq minutes aux toilettes on savait pas quoi faire y est tu mort y a tu juste la diarrhée peut-être qu'il a vomi partout partout, une chance y avait le beau gars en face du comptoir avec ses livres qui ont l'air pleins de sublimes choses pour aller cogner à la porte pis nous dire qu'y vivait encore.

Ensuite encore après longtemps le gars est ressorti, y suait dans sa face blême, y s'est assis et s'est endormi immédiatement dans son pâté chinois. Milou est allée le réveiller pendant que je me cachais en arrière du comptoir pour pas rire, y lui a dit (ça lui a pris cinq à six minutes en tout) que c'était ses médicaments. Ensuite y a mangé une bouchée ensuite y s'est rendormi ensuite y a pris une autre bouchée ensuite y s'est rendormi et ainsi de suite comme ça. Puis y m'a commandé un dessert et ça a été la même histoire comme on sait et puis un autre dessert et encore et un autre dessert et encore, je crois qu'y en aurait pris un quatrième mais y s'est gardé une p'tite gêne.
Après trois heures de narcolepsie y a fini par se lever, j'avais peur qu'y meure en chemin jusqu'à la caisse ou qu'y fasse caca.

Après ça mes amis sont venus me voir, j'ai brûlé des toasts, j'ai splashé de la mayonnaise partout mais c'était drôle ça faisait prout prout. René est arrivé et s'est mis à parler de l'église de la Pentecôte et du péché originel, Momo l'écoutait attentivement je sais pas comment elle faisait honnêtement j'avais pitié. Un monsieur m'a commandé deux morceaux de gâteau au chocolat dans la même assiette et en a mangé le quart d'un, je lui ai demandé s'il avait vraiment fini parce que ça me faisait de la peine, cinq piasses chez le diable pis un gâteau mouillé dans poubelle, y m'a dit que oui pis qu'y voulait pas l'emporter parce qu'y avait pas de frigidaire, j'me suis dit tiens tiens c'est bizzare mais pas plus que ça parce que je pensais au narcolepsique. Ensuite le monsieur s'est levé et a dit qu'il recrutait pour des enfants, on a dit recruter quoi? y a dit une génitrice pis y est parti en me laissant dix piasses de tip, j'me suis dit que peut-être s'il en laissait moins y pourrait s'acheter un fridge.

Deux heures plus tard y est revenu pour manger un gruau, y me regardait drôle y m'a dit qu'il aimait les hanches et qu'il en voulait pour sa génitrice et qu'il voulait qu'elle ait un polichinelle dans son tiroir j'me suis dit cibole y va chercher longtemps. Y m'a encore laissé 6$ de tip en partant pis y est revenu une demi-heure après en me regardant encore plus drôle, fuck à soixante ans y devrait pas se faire d'idées.

Pendant ce temps-là y a Nanou et Dadou qui sont venus me visiter un peu chauds pour de la poutine, je leur ai promis un crème soda si y restaient avec moi jusqu'à la fin de mon shift mais y m'ont dit que Dadou était allergique au pétillant alors je leur ai payé un café pis on a fait les mots-croisés du brand new journal of the day pendant quatre heures de temps. Ça me relaxait parce que durant ce temps-là, les gars parlaient avec René, alors j'avais pas besoin d'écouter sa fatiguance son intolérance absolues, pis en plus y sont smattes.

Quand l'autre waitress est rentrée à six heures du mat' tout est devenu brun d'un foncé certain. Je l'aime pas trop, elle dit que personne l'appelle "ma belle" elle pis qu'elle est "ben tannée de tsa". J'me dis que si a souriait un peu ça l'aiderait. Elle m'a forcé à remplir les sucriers déjà pleins pendant que je dormais sur le comptoir les pieds en sang, j'ai eu un peu pitié d'elle mais je l'ai fait.

En gros, j'aime ma job.

1 commentaire:

  1. J'adore lire tes descriptions, j'ai l'impression des avoir en face de moi!

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