Je n'ai pas de tête. Je suis omnipolaire. Je marche dans les rues en chantant mal et en faisant des punch de drum avec mes mains et en buvant du vin dans un sac en papier brun. Je bois aussi des cafés-filtre au Dégueulton, des fois j'y travaille et tout le temps j'y écoute aux tables. Je sors danser dans les bars country. Je suis pas super en Charleston. Je cherche une liberté douce. Je fragmente les histoires des gens que je rencontre au cours de mes soirées qui n'ont ni tête ni rien non plus.

jeudi 3 février 2011

Peut-être que les amantes sont comme des louves ou des lionnes ou des chiennes je sais pas.

Ça arrive surtout le jour où t'as mis tes bottes de poil le jour où t'as un bouton le jour où t'as des traces de lunettes sur les ailes du nez où tu te demandes estie pourquoi donc que j'me suis habillée de même.
Ça arrive.
Tu marches t'as tes écouteurs pis tout d'un coup ta tête se tourne toute seule pour regarder quelque part quelqu'un tu sais pas qui, y a une face là-bas qui shine, c'est épouvantable, les dents surtout, une face qui semble belle, de loin du moins, tu reconnais pas t'as pas tes lunettes mais tu la regardes et c'est la même chose de son bord, elle a ses écouteurs elle voit pas trop bien mais elle regarde, c'est plus fort c'est comme fatal la tête à quatre-vingt-dix degrés le pas qui ralentit.
Elle reconnaît en premier, elle fait salut, t'es soulagée de quoi t'aurais eu l'air.
Tu sais toujours pas mais t'as des émotions, tu t'approches, tu finis par comprendre.
C'est elle. C'est l'autre tiers de l'histoire de trois ou peut-être le quart de l'histoire de quatre ou le cinquième de l'histoire de cinq ou même beaucoup plus (moins) c'est dur à dire dans ces cas-là.

C'est comme ça, les filles qui se sont partagé un gars elles sont liées, même sans le savoir, elles se respirent elles se repèrent à distance. Peut-être que les amantes sont comme des louves ou des lionnes ou des chiennes je sais pas, des animales en tout cas.

Tu te demandes comment elle va te regarder est-ce qu'elle a vu ton bouton tes bottes poilues tes grosses cuisses est-ce qu'elle va chercher des cassures dans ce que tu vas dire est-ce qu'elle va rire avec ses amies tantôt ah ah ah si vous l'aviez vue la pauvre.
Parce que contrairement à toi elle est une petite petite perle ovale que tu peux rouler dans la main, elle est douce et pure et chaude et petite petite surtout elle est du vent elle est légère sa voix est une merveille elle sent bon la poudre à bébés.
Tu te dépêches, tu regardes par terre les poils sur tes bottes ensuite les siennes en cuir vernis sans tache puis ses cheveux t'es gênée, tu lui dis qu'elle est belle parce que c'est vrai, c'est comme un drapeau blanc, et le mieux c'est qu'elle a pas l'air fâchée plutôt elle sourit, ça semble brillant au-dedans d'elle tout comme au dehors.
Mais le pire c'est l'après. Tu la revois en image, son petit corps sa peau fine ses dents ses vêtements tout est parfait tout tout tout et on peut la tenir d'une seule main.

C'est vraiment poche d'avoir été la plus laide des deux ça rend fou mais je leur pardonne.

2 commentaires:

  1. ce texte est vraiment excellent. comme des louves des lionnes ou des chiennes wow wow wow. Voyons que t'as pensé à ça! Et puis c'est tellement vrai, ces choses qu'on se dit en croisant ces femmes.
    On en veut d'autre des textes comme lui!!

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